Rock Your Brain Fest @ Les Tanzmatten, Sélestat
Parfois on vit avec des préjugés tenaces : jusqu’à ce samedi de juillet 2014, j’étais persuadé que le paradis de la crête peroxydée et du blouson en jeans rafistolé à l’épingle à nourrice se trouvait à l’ouest, du côté de Rennes pour être tout à fait précis. Mes dernières visites dans la cité bretonne n’ayant d’ailleurs pas démenti cette idée sans doute préconçue mais tenace, sans doute d’ailleurs renforcée par les récents déboires des keupons locaux avec la municipalité qui avait fait mettre tous leurs amis à poils (et à quatre pattes !) à la fourrière…
Mais comme on dit dans les pubs, ça c’était avant ! Car c’était sans compter sur l’excellentissime association Zone 51 qui avait entrepris de centraliser, le temps d’un week-end, les porteurs de Bombers et de Boots à métal autour de quelques icônes (sous réserve qu’il puisse y avoir des icônes dans un mouvement qui sacralise le No Future) des guitares saturaxes et des pogos endiablés. Aussi le Rock Your Brain Fest Summer Edition mélangeait savamment, dans une atmosphère absolument détendue et très bon enfant, les groupes bien de chez nous, ou encore venus de toute l’Europe mais aussi de chez nos cousins canadiens. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette fabuleuse affiche enrobée dans une excellent organisation m’a fait changer d’avis et imaginer un instant que la capitale keuponne s'appelait Sélestat !
Aucun temps mort entre les concerts qui se déroulent alternativement dans la grande salle des Tanzmatten et sur la pelouse, le passage d’une scène à l’autre étant d’une fluidité remarquable (beaucoup de festivals, et en particulier de grands festivals parisiens, feraient bien de venir ici trouver une certaine inspiration quant à l’organisation). Ici pas de prise de tête, pas de boboïtude, on est là pour écouter de la musique qui déboite et qui fait saigner les tympans !
Arrivé malheureusement trop tard pour écouter Diego Pallavas qui faisait l’ouverture, je tombe immédiatement sur les Black Zombies Procession, qui représente sans doute la frange la plus heavy métal de la journée. Sans être ma tasse de thé, cette session d’introduction laisse déjà augurer du meilleur pour les groupes à venir. Misconduct, puis the Generators assurent des sets puissants, chargeant peu à peu l’atmosphère en électricité.
La scène est ensuite aux messins de Charge 69, dont on ne sait pas très bien si le chiffre 69 fait référence à la racine carrée de la masse en kilos du chanteur ou à une quelconque année qui se serait voulue érotique. En tous cas ça nous rappelle la rudesse des Parabellum, avec de l’engagement dans tous les sens du terme. C’est bon, on en reprendrait bien une lichette !
Et le folklore commence véritablement avec les Real McKenzies, dont les kilts et le nom de scène ne sont qu’une revanche des canadiens, et du chanteur Paul McKenzy en particulier, sur ses parents écossais qui l’ont obligé à porter l’habit traditionnel dès son plus jeune âge ! Si on aime la cornemuse et l’énergie du punk, comment ne pas apprécier la formation qui délivre un set particulièrement vitaminé ? Mais c’est avec la sortie de scène des canadiens que le festival rentre dans le dur avec en premier lieu le grand retour des Wampas dans une nouvelle formation (Effello ayant remplacé Phil à la guitare, au moins pour quelques dates). Pour les avoir vus quelques fois ces dernières années, la prestation doit être vraiment saluée car elle signait également le retour à une énergie et à un son beaucoup plus punks et acérés que lors des dernières tournées. Même Manu Chao avait pris un coup de pied dans le cul ! Comme toujours, super et trop court.
Dans la foulée les Sales Majestés ont vomi la société au cours d’un set rageur, nasillard et haineux. On aime ou pas, mais leurs deux pieds sont bétonnées dans les racines du punk !
Mais le gros moment de la soirée, c’était le retour sur scène des Sheriff de Montpellier (avé l’assent !), pour un concert best-of à coups de batte de Base-ball !!! Tout y passe, les Deux Doigts (dans la prise), Pile ou Face, A La Chaleur Des Missiles, Arrête d’Aboyer, Arrête de Parler (pendant que tu dors), etc… Comme annoncé, ce soir, la nuit sera courte ! Une heure trente de feu, de sueur et de bleus aux jambes pour un concert unique qui nous replonge quinze ans en arrière. Whaou, il est temps de remettre sa crête en place et de partir s’abreuver, même les chiens ont soif ! Aussi sous peine de déshydratation on ratera une bonne partie de The Brains, seconde formation canadienne de la soirée, dont la contrebasse et les mélodies nous feraient presque penser aux Stray Cats du Punk.
Plus de jambes pour The Adicts qui clotûreront la soirée sans moi (c’est vrai qu’on vieillit un peu quand même !). Finalement la nuit sera longue et appréciée, n’en déplaise aux satanés Sheriff….
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