The Legendary Tigerman @ La Laiterie, Strasbourg

Incroyable de penser que Paulo Furtado, le Légendaire Homme-Tigre, vient de sortir dans les bacs son - déjà - sixième opus en solitaire, bien à l'écart de la soul contagieuse de Wraygunn. "True", le dernier effort discographique du portugais, est dans la droite lignée de ses prédécesseurs : crasseux, roots, rugueux à souhait.

 

 Le Tigre est donc venu défendre son dernier bébé mardi à la Laiterie, à grands coups de crocs et de griffes. Il entre seul en scène, debout, Ray-Ban éternellement vissées sur le nez et fourruregominée comme à l'accoutumée. Le tempo lancinant de "Shoot My Woman" illustre des images projetées en fond, et les cymbales du tambourins  évoquent les boulets certis aux pieds des bagnards de Guyane. L'ambiance est posée...

La petite salle de la Laiterie se laisse très vite emparer d'une moiteur que Didier Wampas aurait qualifiée de chaude, sale et humide ! Le leader de Wraygunn - sans doute le groupe portugais le plus excitant de tous les temps - fait rugir les cordes de sa Gretsch gaucher comme si elles étaient grattées au papier de verre tandis qu'il feule des textes imbibés d'alcool, de sexe, de mauvaise vie, le tout emprunt de spiritualité.

Mais Furtado est un jongleur, un acrobate qui sait alterner les caresses les plus douces avec les explosions rock'n roll les plus violentes. Et pour être tout à fait certain que la sauce monte correctement, le Tigerman s'est approprié les services de Sega (alias Ricardo Coelho à la ville), batteur bateleur qui tapisse les morceaux à  coups de massue.

Furtado fait un rock évident, lourd, instinctif. Il ne s'agit pas de se perdre dans des nappes de synthés ou de violon, mais plutôt de retranscrire immédiatement le son, la chaleur, les couleurs et les odeurs de bars louches, des tripots et des salles de jeux clandestines. La musique du Légendaire Homme-Tigre hume le vécu, et n'est qu'un prolongement des sensations qui hantent son esprit et sa mémoire. Est-ce que le fait d'être né et d'avoir un temps vécu au Mozanbique a marqué Paulo Furtado de manière sans doute inconsciente mais indélébile ? Assurément, tant l'histoire du Blues se confond avec celle de l'Afrique.
N'oublions pas non plus que Furtado est un passionné d'images, un réalisateur méticuleux qui aime à illustrer ses morceaux de courts-métrages tournés en Super8 (le projet Femina était en particulier axé sur l'image).

En fin de concert, la chaleur est torride. Le Tigre sort de sa cage et gimpe vers les enceintes dans un déferlement de rock'n roll, Sega martellant inlassablement les peaux de ses tambours. C'est alors que le Tigre quitte la jungle et rentre dans sa tannière, pour ne plus en sortir. Légendaire l'animal ? Il n'y a qu'à voir les fans impatients de faire signer leur vinyle pour s'en assurer.

Setlist :

1. Shoot My Woman

2. Do Come Home

3. Walkin Downtown

4. Wild Beast

5. Storm Over Paradise

6. Naked Blues

7. Crawdad Hole

8. & Then Came The Pain

9. Gone

10. Twenty Flight Rock

11.  My Heart, Safe At Home

12. These Boots Are Made For Walkin

13. Dance Craze

14. The Saddest Thing To Say

15. Bad Luck R'N'B machine

16. Big Black Boat

17. 21st Century Rock'N Roll

Archives :  La Maroquinerie 2007,
Avec Wraygunn : La Maroquinerie 2008,
La Maroquinerie 2006,
Le Nouveau Casino 2005