Dirty Deep @ Halle Gruber, Obernai
On associe fréquemment le blues du jeune Dirty Deep (Victor à la ville) aux qualificatifs de "marécageux" ou "boueux". Je ne suis pas tout à fait certain que ce soit flatteur, ni tout à fait vrai d'ailleurs. Parce que la musique que produit le Dirty Deep One Man Band (l'homme assure à lui tout seul le chant, la guitare, l'harmonica et la batterie) est loin de s'embourber dans la glaise de ces ancêtres.
Bien sûr elle en remonte quelques racines et nous rappelle la moiteur du Bayou et de ses herbes folles, mais elle a su digérer d'autres influences comme celles des voodoos du Stomp ou du Ragtime, des faiseurs de Boogie, ou encore du British Blues Boom et du rock Zeppelinien. La guitare est grasse, le bottleneck omniprésent, la grosse caisse lourde comme un orage et le chant rugueux à souhait. Mais posée sur les piliers de la musique des anciens, celle de Dirty Deep ne demande qu'à s'ouvrir vers le futur. D'ailleurs comment pourrait-il en être autrement quand on approche seulement à pas feutrés de ses vingt-trois printemps ?
Immanquablement, on se dit que Victor marche sur les traces de Paulo Furtado, le Legendary Tigerman, avec qui il partage bien évidemment le fait d'être d'être un one man band, mais aussi et surtout une vision similaire du Blues et de la musique. D'ailleurs les deux guitaristes se produiront à la Laiterie le 7 mai prochain au cours d'une soirée qui devrait sentir le moustique et fleurer bon le Jumbalaya ! Victor viendra y défendre son second opus, "Shotgun Wedding", tout frais sorti de presse.
Mais samedi soir déjà l'Alsace avait un parfum de Lousiane. La Halle Gruber d'Obernai, auréolée d'étoiles lumineuses, offrait un superbe refuge aux spectateurs du festival Pisteurs d'Etoiles qui souhaitaient fuir la pluie et venir se détendre sur quelques canapés posés devant la scène, leur laissant tout le loisir d'apprécier la voix de rocaille de Victor. Avec le son de la pluie tombant sur le toit de la halle, les palissades de bois et le Stomp de Dirty Deep, on se serait cru un instant sur les rives du Mississippi....