Les Insus @ Zénith de Strasbourg
Voici plus d'un an que les Insus sont nés des cendres quasiment éteintes de Téléphone. Plus d'un an que le groupe vampirise tous les festivals et remplit les Zéniths de France jusqu'au moindre strapontin. Plus d'un an qu'il est absolument impossible d'échapper aux Insus !..
On pourrait être franchement suspicieux face à une telle déferlante. Roger Waters aurait cyniquement dit "It all makes perfect sense, expressed in dollars and cents"... Même François Ravard, le manager historique du groupe et lui aussi en retrait des affaires depuis quelques années, a bien flairé le filon et s'est facilement relancé dans l'aventure. Après tout le rassemblement des ex-Téléphone est un événement national (encore plus qu'un Renaud qui embrasse des flics), une véritable madeleine de Proust pour les 12000 quinquas et plus venus acclamer les anciens ados au Zénith de Strasbourg.
Et lorsqu'on joue pour l'un des plus gros cachets de l'histoire de la musique française, et quand on a entendu les amabilités que les frères ennemis ne manquaient pas de proférer l'un envers l'autre lors de leurs concerts respectifs, on peut se demander quel est le niveau de sincérité de ses retrouvailles et si le beau vernis ne commence pas un peu à s'écailler après toutes ces dates.
Mais le concert est bon. Jean-Louis et Richard sont impeccables, comme ils l'ont toujours été au cours des années en solo. Jean-Louis a cet éternel sourire de gamin et une pêche incroyable. Richard fait le pitre derrière ses fûts et arbore désormais des cheveux couleur corbeau ! La communion entre ces deux là est réellement palpable, et les tournées successives de Jean-Louis ont bien soudé les deux hommes. Seulement l'interaction avec Louis semble plus délicate.... On a le sentiment d'assister à un concert d'Aubert dans lequel Louis serait un simple musicien de scène. D'ailleurs Bertignac prend quelques solos mécaniques, peu inspirés, comme sur ce "Cendrillon" version courte et poussive qui peine à décoller vraiment. De même pour "Le jour s'est levé" qui n'a pas vraiment la dimension d'un morceau live. "66 Heures" sans les chœurs de Corine...
A l'inverse certains passages ont atteint des sphères assez élevées, en particulier "Métro, c'est trop" servi par un jeu de lumière fantastique et des effets vidéos donnant une impression de vitesse et de tournis. Ou encore "Flipper" ou "les Dunes", joué pour le première fois lors de cette tournée. A ces instants ça joue serré, précis, rock'n roll. Le son est très fort, parfois brouillon, et ce n'est qu'après le troisième morceau ("Dans ton lit") que la balance se met définitivement en place jusqu'aux rappels où un soudain coup de potard fait grimper significativement les décibels, détruisant aussi soudainement nos tympans.
Cependant soyons objectifs et positifs: il s'agit évidemment d'un excellent concert, dans lequel se sont enchainés tous les tubes du groupe façon best-of (et il y en a eu un paquet au final). Mais pour moi Téléphone était avant tout un groupe à l'énergie dévorante, crachant sa rage adolescente, comme Higelin ou les Starshooter savaient le faire. Le documentaire de Jean-Marie Perier en est le meilleur témoignage. Mais les adolescents d'hier ont aujourd'hui les cheveux blancs et le portefeuille plein. Ils font vivre des dizaines de personnes, et le métier a définitivement remplacé la rage...Alors ce soir pour se rapprocher du concert parfait il manquait très peu de choses : une autre émotion, une autre communion, une rage adolescente ou un lien entre tout ça. Ou peut-être simplement un présence féminine...
Setlist:
- Crache Ton Venin
- Hygiaphone
- Dans Ton Lit
- Fait Divers
- Argent Trop Cher
- La Bombe Humaine
- Au Coeur De La Nuit
- 66 Heures
- Cendrillon
- Flipper
- Métro (C'est Trop)
- Le Silence
- Oublie Ca
- Fleur de Ma Ville
- Le Jour S'est Levé
- Dure Limite
- Ce Que Je Veux
- New York Avec Toi
- Un Autre Monde
21. Ca (C'est Vraiment Toi)
22. Tu Vas Me Manquer
Line-up:
Jean-Louis Aubert: Vcls, gtr
Louis Bertignac:Vcls, gtr
Richard Kolinka: Drums
Aleksander Angelov: Bass
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