The Who @ Zénith, Paris

juin 30, 2015

The Who @ Zénith, Paris

The Who @ Zenith de Paris - The Who Hits 50

Pour une fois, on allait à un concert des Who avec un sentiment mitigé. On était partagé entre une certaine excitation (parce que quand même, les Who…) et un accès de colère… Car suite à l’annulation en quasi dernière minute des deux concerts parisiens, initialement programmés les 28 et 29 juin - les anglais préférant clôturer le festival de Glastonbury - les fans français étaient resté hébétés, s’asseyant sur leurs réservations d’hôtels et leurs billets de trains consciencieusement achetés des mois à l’avance.

Et c’est finalement dans un Zénith avec des sièges partiellement vides (réaction envers les papis du rock ?) que le retour en France de Roger Daltrey et de Pete Townshend a eu lieu. Et après une attente intelligente au cours de laquelle un diaporama retraçant la carrière et le CV des membres du groupe tapissait les écrans géants, on nous demande de « rester calme, car voici les Who » ! Tiens donc…

Mais dèjà les lumières s’éteignent. Zak est à peine assis derrière ses fûts que les quatre bips d’intro de « Who Are You » sont lancés, et soudain Pete mouline une déferlante sonore dans un Zénith en liesse, qui s’apparente plus à une étuve qu’à une salle de concert ! Le son est limpide, clair, et on a la sensation d’être frappé de plein fouet par un tsunami sonore. Toute appréhension est déjà très largement retombée, il n’y a plus qu’à se laisser emporter par les flots. De l’autre côté de la scène, Roger, chemise entrouverte et pectoraux de carnassier, entame son étrange et traditionnelle marche immobile, agrémentée de coups de micro contre autant d’ennemis imaginaires qui viendraient lui entraver la route. L’homme porte désormais les cheveux mi-longs et une petite barbiche qui n’est pas sans rappeler le look de vieux lion de Robert Plant.

Le groupe assure ce soir l’une des dernières dates de sa tournée européenne (qu’on dit être la dernière, mais peut-on vraiment faire confiance aux rumeurs ?), interprétant sous forme de best of les titres légendaires qui sont devenus des classiques rock au fil de 50 ans de carrière. Aussi on va plonger au cours de la soirée au cœur des albums emblématiques comme Tommy, Quadrophenia ou Who’s Next, avec des incontournables comme « The Kids Are Alright », « Baba O’Riley », « My Generation », « Behind Blue Eyes » ou « Pinball Wizard ». Mais on ne va pas pour autant s’interdire d’aller explorer des contrées moins souvent mises en lumières, comme « Bargain », « Join Together » ou « The Seeker ».

Si la voix de Roger met quelques minutes à atteindre sa pleine puissance, Pete lui est immédiatement dans le concert, avec pour bonus la chance qu’il semble être « dans un bon jour ». Si il y a assez peu de passage acoustiques (« I’m One » principalement), l’un des grands moments de cette soirée restera sans doute l’interprétation de « Picture Of Lily », assez peu souvent jouée en concert, et qui fait montre d’une intensité incroyable.

Accablé par la chaleur, Roger peine un peu sur « See Me, Feel Me » mais en vieux briscard de la scène se fait aider par un public complice. Les lasers verts de « Baba O’Riley » ne sont plus là, mais l’entrée de la guitare de Pete dans le morceau est à chaque fois un moment qui fait dresser les poils des bras. Enfin, après un « Won’t Get Fooled Again » un peu brouillon, Pete quitte la scène tandis que Roger remercie le public et salue avec les autres musiciens. Il n’y aura pas de rappel, mais on sent tout le monde sur les rotules après un concert intense, dense, sensuel…bref rock’n roll !

Soixante-dix ans, le bon âge pour faire du rock ? Bah oui, plus que jamais !