Kent @ Espace Dollfus & Noack, Sausheim

S’il se définit lui-même comme un « intermittent de la Jet-Set » (il en fait temporairement partie quand l’une de ses chansons se mute en tube), nul doute en revanche que Kent est un artiste à temps complet. Quand l’homme ne gribouille pas quelques crobars ou ne s’adonne pas à la littérature, ou encore lorsqu’il n’est pas occupé à faire l’animateur de radio, il distille sur scène des chansons ciselées, pointues, magnifiques. Et ce soir à l’Espace ED&N de Sausheim, il était surtout question de frissons et d’émotions…

 

Car en quelques années, et quelques albums, le style de Kent s’est épuré. Alors qu’il faisait rugir les Télécaster sur « Cyclone » (l’intro de « Class Prolo » résonne encore dans mes tympans) ou « Bienvenue au Club », les guitares se sont progressivement pacifiées et les tambours gentiment adoucis. De cet apaisement est né « Panorama », une sorte de tour d’horizon des morceaux préférés du Lyonnais mais revisités selon une formule plus acoustique, souvent à deux guitares. Pour autant, les arrangements ne se sont pas simplifiés mais, bien au contraire, ont terriblement gagné et richesse et en finesse.

Avec la sortie de son dernier album « Le Temps Des Ames », le processus d’exploration (d’introspection ?) s’est poursuivi, toujours en duo, mais la guitare du complice Fred Pallem s’est mutée en piano-caresse sous les doigts de l’allemand Marc Haussmann. Et c’est dans cette formule resserrée que Kent, barbe fraîchement rasée et costume des grands jours, aborde un ED&N soft, velours, parsemé de fauteuils confortables et de canapés ! Ambiance intimiste et chaleureuse assurée...

Après une entrée très solennelle (L'ombre du Grand Jacques - le belge (!), pas le français - planant sympathiquement au dessus de l'artiste), Kent enchaine avec trois morceaux phares des albums précédents, réorchestrés pour piano et guitare. Il est d'ailleurs étonnant de constater combien une chanson comme "Terres de France", initialement très colorée rock, s'adapte sans problème au nouveau format tout en permettant de mettre en valeur la dextérité de Marc Haussmann, sans jamais pour autant être démonstrative.

  La suite s'enchaine avec des morceaux du nouvel album, entrecoupés d'anecdotes savoureuses ou d'explications de textes. Le public ne se réveille vraiment cependant que pour "Jaime un Pays", et une nouvelle fois on peut se rendre compte que les airs familiers, ancrés dans la mémoire collective, l'emportent souvent faces aux chansons plus récentes.

Mais la surprise viendra des rappels ou, plutôt que de manière convenue jouer deux ou trois tubes, Kent fera tirer au sort des morceaux de son répertoire inscrits sur des petits bouts de papier. Résultat magique mais mélancolique, et pour rester sur une note optimiste on finira par tous reprendre en choeur "Juste Quelqu"Un De Bien".

C'est beau, c'est doux, c'est chaud comme une tasse de thé l'hiver après une ballade dans la neige. Bref, ça fait du bien...

Set-List :

Un Jour Sacré

Terres De France

Panorama

Bienvenue Au Club

Ombre Berlinoise

Le Temps Des Ames

L’Eternité

Pauvre Mais Sexy

Notre Amour

Face A La Lumière

Jeune Con

Avec Elégance

Chagrin d’Honneur

J’Aime Un Pays

Devant Le Néant

Tous Les Mômes

Ellis Island

Cash

Volontaire

Mois De Mai

Je Suis Un Kilomètre

Passion Killer

Juste Quelqu’Un De Bien

Line-Up :

Kent : Vcls, Gtr, Dms

Marc Haussmann : Piano